vendredi 23 mars 2012

III. Greffon et système immunitaire : le risque de rejet

a) Immunologie


Le système immunitaire est constitué par l’ensemble des organes lymphoïdes permettant de reconnaître et de réagir en permanence à la présence de différents éléments étrangers.

La réaction immédiate consiste en l’élimination des éléments infectieux par les leucocytes ou les cellules phagocytaires. C’est une réaction non spécifique qui permet le plus souvent de stopper l’infection. Lorsqu'un antigène d’un micro-organisme (molécules étrangères) est reconnu les lymphocytes B se concentrent et sécrètent des anticorps qui neutralisent les antigènes . C’est une réaction spécifique. Par la vaccination, l’organisme peut acquérir de manière préventive et durable la mémoire immunitaire (par certains lymphocytes) spécifique d’un micro-organisme précis. L’immunothérapie procure une immunité immédiate mais peu durable car elle fournit des anticorps produits par un autre organisme. De ce fait, lors de la greffe d'un organe, le système immunitaire du « donneur » et du « receveur » jouent un rôle important plus particulièrement le groupe sanguin et le groupe HLA. Le groupe sanguin doit en effet être le même chez le « receveur » que chez le « donneur ».




Le typage HLA (Human Leukocyte Antigen) est l’analyse des caractéristiques des antigènes ou protéines présentes à la surface des globules blancs. Si le système HLA n’est pas suffisamment similaire entre le donneur et le receveur, on ne peut réaliser la greffe de l'organe car le rejet est assuré.Le système HLA est tellement complexe que les chances d'avoir un donneur et un receveur non apparentés compatibles varient de 1 sur 450 à plus de 1 sur 750 000. Ce sont donc les membres de la famille très proche, génétiquement très semblables qui sont les mieux placés pour donner.

b) Les différents types de rejet

Parallèlement aux avancées de la médecine, le fonctionnement et la survie du greffon est aussi du au développement de médicaments qui préviennent le rejet de l'organe au sein de l'organisme. S'il n'est pas prévenu, ce rejet à la perte du greffon, voire au décès de la personne greffée. Il est donc nécessaire de suivre un traitement anti-rejet.

Rejet suraïgu : Il survient dans les heures qui suivent la greffe. Il s'agit d’un infarctus du greffon, c’est-à-dire par que les vaisseaux qui irriguent l'organe sont obstrués. Cette forme de rejet est principalement dû à des anticorps présents chez le receveur et qui luttent contre les antigènes du greffon.

Rejet aigu : Ce rejet survient entre le 4ème jour et l'année qui suit la greffe. L'organe greffé fait face à plusieurs réactions immunitaires de l'organisme qui ne reconnaît pas l'organe greffé comme lui appartenant. L'organisme considère l'organe comme « étranger » et réagit comme il le ferait pour une bactérie, un champignon ou un virus. Ces réactions vont aboutir à la nécrose du greffon. Ces rejets sont souvent asymptomatiques et sont détectés par une surveille fréquente du greffon par l'équipe médicale (échographie/ biopsie endomyocardique pour le cœur, biopsie rénale pour le rein, radiologies pour les poumons). Ces examens approfondies permettent de détecter une simple infection ou un rejet aigu et d'évaluer la sévérité des lésions de l'organe greffé.

Rejet chronique : Il s’agit de la principale cause d’échec de greffe. Le rejet chronique s’installe insidieusement au cours du temps pour aboutir à une perte de l’architecture du greffon. On arrive progressivement à la perte des fonctions de l’organe greffé.

La symptomatologie du rejet chronique varie selon l’organe greffé.

- une insuffisance rénale

- insuffisance cardiaque

- insuffisance respiratoire chronique (dyspnée, surinfection).

- une insulinodépendance due à la mort progressive du pancréas.

Dans tous les cas, le seul traitement du rejet chronique est la retransplantation avec un risque de récidive accrue sur le deuxième greffon.

c) La prévention du rejet

Le recours aux médicaments immunosuppresseurs et à la cortisone s'impose pour éviter le rejet du greffon et assurer sa survie. Ils agissent à différents niveaux. L'organisme humain se défend naturellement contre les corps étrangers. Pour l'obliger à accepter un organe greffé, il est indispensable de réduire ses défenses immunitaires. Devenu dès lors extrêmement sensible à toutes les agressions extérieures, le patient doit faire preuve de la plus grande prudence, surtout les semaines qui suivent l'opération. Mais il ne devra jamais relâcher sa vigilance car une infection peut lui coûter la vie ou celle du greffon. Les infections peuvent être bactériennes, virales ou dues à des champignons. Des traitements antibiotiques, antiviraux, antifongiques et antiparasitaires permettent d'en venir à bout. Cependant, le greffé ne pourra éviter la nécrose de l'organe au bout de plusieurs dizaines d'années.