En 1906, des chirurgiens français dirigés par M. Jabouley expérimentent la première greffe au monde, celle d'un rein animal dans le coude d'une femme, c'est un échec. C'est en 1933 en URSS qu'on tente pour la première fois de greffer un organe humain provenant d'une personne décédée sur un malade. C'était un rein, greffé exceptionnellement dans le haut de la cuisse, la patiente est décédée au bout de cinq jours. Ainsi les Russes, avec une idéologie anti-religieuse sont des pionniers dans le domaine des greffes Jusque dans les années 60, d'autres greffes de reins et de foie sont tentés mais à chaque fois les patients ne survivent que quelques jours voire quelques mois.
En 1962, le prix Nobel de médecine, Jean Dausset réalise la première greffe compatible grâce aux groupes tissulaires HLA découverts peu de temps auparavant. En 1967, le professeur Barnard en Afrique du Sud tente la première greffe de cœur sur un homme de 54 ans. Un an plus tard en Europe un nouvel essai de transplantation cardiaque est réalisé en France par le professeur Cabrol malheureusement dans les deux cas, les deux greffés n'ont survécu que quelques jours. En 1969, une polémique apparaît autour de la greffe d'organes suite à la transplantation d'un poumon à un condamné à mort atteint d'un cancer du poumon par le professeur J. Hardy aux États-Unis.
Comme nous avons pu le voir, les greffes d'organes sont donc très tardives puisqu'elles n'apparaissent qu'au XXème siècle. Autrefois, les greffes étaient uniquement réalisés à l'aide de prothèse en bois (bras, jambes...)
Dans les débuts de la transplantation, les premiers moyens utilisés pour lutter contre le rejet furent les corticoïdes qui sont des anti-inflammatoires très puissants mais aussi des immunosuppresseurs et l'azathioprine. Cependant, leur emploi à long terme provoquait des effets secondaires qui en limitèrent l'utilisation.
Mais en 1972, Hans Peter Frey des laboratoires Sandoz (Bâle) révolutionne la greffe. Il ramène de la terre de Hardanger en Norvège contenant un champignon capable de synthétiser une molécule, la ciclosporine qui s'est révélée être un agent immunosuppresseur qui va prolonger la vie des greffés car ce médicament évite que l'organisme du receveur ne rejette le greffon qui est étranger.
Cette molécule découverte fortuitement a permis dès 1983 un essor des transplantations d'organes (médicament "anti-rejet"). C'est un peptide cyclique à 11 acides aminés synthétisé par un champignon microscopique (Tolypocladium inflatum Gams). Trois ans plus tard, le professeur britannique R. Caln réalise la première transplantation coeur-poumons-foie. Aujourd'hui, grâce aux progrès de la transplantation et de la médecine on peut même greffer des parties entières du corps.
Ciclosporine :
Formule brute : C62H111N11O12
Masse molaire :
1202,611 g.mol-1
N° CAS :
59865-13-3
Comment agit la ciclosporine ? En bloquant une protéine, la calcineurine, la ciclosporine permet de réduire la production de lymphocyte T jouant un rôle essentiel dans la réaction immunitaire face à un corps étranger. En effet les lymphocytes dégagent des substances telles les cytokines qui interviennent dans l'activation de nombreuses cellules immunitaires. Le blocage par la ciclosporine de ces substances réduit considérablement les rejets du greffon par le système immu nitaire.
Après cette découverte, le nombre de transplantations a été marqué par une forte augmentation. Ainsi en 1981, 125 greffes de cœur ont été réalisées, ce nombre est passé à 165 en 1982, à 270 en 1983 et à 440 en 1984.
b) Avancées et progrès dans les techniques de transplantation
Afin de pallier la pénurie d'organes humaines, les chercheurs travaillent au développement d'organes artificiel. Des prototypes ont été réalisés, des essais effectués – notamment avec l'implantation de cœurs artificiels -, mais jusqu'ici ils n'ont pas permis de parvenir à des résultats satisfaisants. Sur le plan technique, il reste de nombreux obstacles à surmonter (choix des matériaux, apport en énergie) avant de pouvoir envisager une généralisation de ces techniques. Autre champ de recherches : la xénotransplantation . C'est-à-dire, le fait d'être transplanté d'un greffon animal. Celle-ci permettrait ainsi de disposer de suffisamment d'organes pour tous les malades. C'est pourquoi depuis une dizaine d'années, des scientifiques cherchent à modifier le code génétique d'animaux comme le porc pour éviter le rejet suraïgu chez l'être humain.
Enfin les cellules souches d'embryon ou de cordons ombilicaux sont également un espoir pour les futurs patients en attente de greffe. Ces cellules ont la capacité de participer à la formation de tous les tissus