a) Du donneur jusqu'au receveur
Mort encéphalique
La mort encéphalique ou mort cérébrale correspond à la destruction irréversible du cerveau, y compris du tronc cérébral. La mort encéphalique est régit par le décret du 2 décembre 1996. Elle désigne la cessation irrémédiable de toutes les activités cérébrales. Dans le but d'une greffe d'organe, la respiration et l'activité cardiaque sont maintenues par des techniques médicales de réanimation et ce pendant une durée relativement courte. Ce type de décès peut être constaté chez des personnes ayant subis un traumatisme crânien (accident de la voirie) ou accident vasculaire cérébrale (AVC). Le cerveau est alors privé de son afflux sanguin et par conséquent, d'oxygène. Ce manque d'oxygène entraîne la destruction irrémédiable des cellules nerveuses du cerveau. C’est une mort très peu fréquente, moins de 1% des personnes qui décèdent à l’hôpital sont en état de mort encéphalique.
La mort encéphalique est diagnostiquée par :
- l'absence totale de conscience et d'activité motrice spontanée,
- l'absence totale de ventilation spontanée
- l'abolition des réflexes du tronc cérébral (aréflectivité pupillaire, abolition des réflexes cornéens, abolition des réflexes de toux,...)
Le diagnostic clinique est confirmé par un examen complémentaire qui est :
- Soit 2 électroencéphalogrammes à 4 heures d'intervalle, d'une durée de 30minutes chacun, montrant une activité électrique nulle.
- Soit une angiographie cérébrale : artériographie ou angioscanner, montrant l'arrêt de la vascularisation cérébrale.
EEG normal: les courbes correspondants aux activités électriques des différentes fonctions du cerveau ne sont pas monotone, ce qui caractérise un cerveau en activité normale. | EEG d'un individu en état de coma avancé: les courbes correspondants aux différentes fonctions du cerveau sont monotones, ce qui caractérise l'absence d'activité du cerveau. |
Donneur vivant
A partir d’un donneur vivant, toutes les greffes ne sont pas réalisables. Les greffes fréquentes sont le rein (cœlioscopie), une partie du foie et plus rarement, une partie du poumon.
Depuis la révision de la loi de bioéthique du 7 juillet 2011, ces dons sont possibles pour toute personne ayant une relation étroite et stable depuis au moins deux ans avec le receveur.
Pour effectuer cette greffe, il existe plusieurs conditions médicales :
> La compatibilité : Il faut que le donneur et le receveur soient le plus compatible possible.
> L’état de santé du donneur : Le donneur doit alors effectuer une série d’examen.
La greffe d’un rein, à partir d’un donneur vivant est plus avantageuse car la demi-vie d’un greffon est d’environ 20 ans, contre 13 ans pour une greffe à partir d’un donneur en mort encéphalique.
Comme toute greffe, la greffe à partir d’un donneur vivant, comporte des risques tels que le risque de rejet ou le risque d’infections.
Receveur
Avant d’accéder à la liste d’attente, le receveur doit se soumettre à toute sorte d’examen.
Une fois ces examens passés, le médecin du donneur le dirige vers l’équipe chirurgicale avec laquelle il collabore. Le médecin du patient n’attendra pas que le receveur soit dans un stade critique pour faire les démarches, pour l’inscrire sur la liste. L’inscription du patient, sur la liste d’attente de transplantation est décidée par tous les intervenants. Malheureusement, certains patients décèdent durant l’attente de la greffe, par manque de greffons.
b) Du prélèvement à la préparation de l'organe
A partir de la mort encéphalique
Lorsque qu'une personne se retrouve en état de mort encéphalique, si celui-ci n'est pas inscrit dans la liste national des refus de don d'organes, l'équipe de transplantation interroge alors la famille sur l'opinion du défunt à propos du don d'organes.
Si la famille de la personne décédée donne son accord alors les médecins effectuent une série d'examens (analyse du sang, du groupe HLA...) pour évaluer la qualité des organes (présence de cancers, poids...) et la compatibilité du « donneur ». La recherche de contre-indications au prélèvement (maladies transmissibles, virales) est réalisée pour éviter les risques pour le receveur.
Le défunt est ainsi sous surveillance médicale constante. Les différentes caractéristiques du « donneur » comme le groupe d'HLA sont ainsi mises en évidence. C'est alors à l'Agence de Biomédecine de coordonner et d'organiser les prélèvements des différents organes (foie, cœur, poumon, rein, pancréas, intestin...). Dans les heures qui suivent, les équipes médicales venues de différents hôpitaux procèdent au prélèvement de l'organe qu'ils grefferont ensuite chez le « receveur », c'est-à-dire le patient qui reçoit le greffon. Les organes sont prélevés dans un ordre précis à cause de leur capacité à résister sans afflux sanguin pendant une certaine durée (cœur et poumon : 5 heures/ foie et pancréas : 12 heures/ rein : 36-48 heures).
Lors du prélèvement, les muscles, les veines et les artères reliant l'organe au reste du corps du donneur sont sectionnés. Suite au clampage, ces organes sont conservés à une température de 4°C dans une solution saline placé dans un container spécifique pour éviter la nécrose des cellules. Le greffon n'est pas le seul transporté, dans une boîte immunologique se trouvent également des vaisseaux sanguins, un fragment de rate, des ganglions et des tubes de sang.
c) De l'opération au suivi médical du patient
À l’arrivée dans l’hôpital du receveur, les médecins préparent le greffon, c'est-à-dire qu'ils enlèvent la graisse des vaisseaux pour une meilleure transplantation. Au même moment, dans le bloc opératoire, le chirurgien pratique l’ex-plantation de l'organe malade.
L'opération qui suit la sortie du greffon de son liquide de conservation est souvent très longue (plusieurs heures) selon le type d'organe greffé. Cette dernière consiste à relier le greffon aux veines, aux artères mais aussi aux muscles du receveur par des sutures. Le patient est ensuite « refermé ».
Dans les heures qui suivent l'opération, la question est de savoir si le greffon va s'intégrer pleinement et assure son rôle dans le corps du patient. En effet, le risque d'un rejet suraigu est présent. Ce rejet est caractérisé par l'obstruction des vaisseaux sanguins qui irriguent l'organe. Cette obstruction est essentiellement due à des anticorps pré-existant chez le receveur et dirigés contre les antigènes portés par le greffon. Toutefois, ce rejet reste peu fréquent. Suite à l'opération, le greffé est surveillé médicalement par l'équipe médicale qui s'assure du bon fonctionnement de l'organe. Au cours de la vie du patient, une seconde opération est parfois nécessaire puisque la durée de vie des greffons ne dépassent pas plus d'une quinzaine d'années.